Soigner les volailles sans antibiotique

Soigner les volailles sans antibiotique
Aujourd’hui, des bactéries du genre Clostridium provoquent deux maladies trop bien connues des éleveurs de volailles : l’entérite nécrotique et le botulisme aviaire. Le projet CLOSTRICOX, porté par trois composantes du Carnot AgriFood Transition, propose de mettre au point, d’optimiser et de valider un modèle infectieux, pour tester des alternatives à l’utilisation d’antibiotiques.

Deux maladies digestives dues à des clostridies préoccupent particulièrement le secteur de la production avicole. La première est l’entérite nécrotique qui provoque une mortalité importante des individus. Le manque à gagner au niveau mondial pour les éleveurs est évalué à 2 milliards de dollars chaque année ! L’autre maladie provoquée par la bactérie Clostridium botulinum est le botulisme aviaire. Cette bactérie peut emporter un élevage entier. Le nettoyage, la désinfection et la gestion des fumiers sont très difficiles.

Pour contrer ces maladies, les solutions disponibles à l’heure actuelle sont les traitements antibiotiques, or, face à la pression sociétale et médiatique, la filière volaille de chair cherche des alternatives préventives. C’est la raison pour laquelle trois composantes d’AgriFood Transition, l’ANSES Ploufragan-Plouzané-Niort, Tecaliman et ZOOPOLE développement, se sont associées.

Mettre au point, optimiser et valider un modèle infectieux

Le projet CLOSTRICOX a pour objectif de savoir reproduire des modèles d’infection à ces deux bactéries. Pour ce faire, deux unités de l’ANSES se chargent de mettre au point un modèle infectieux expérimental et le pôle de recherches et d’innovations de la nutrition animale TECALIMAN se charge de tester la résistance des bactéries lactiques à la température de granulation de l’aliment des volailles. Suite à ces deux étapes, des solutions alternatives à la prise d’antibiotique seront évaluées dans ces modèles.

La première solution est à base d’extraits végétaux et concerne Clostridium perfringens, la bactérie responsable de l’entérite nécrotique. La seconde solution potentielle sera des bactéries lactiques, pour contrer la bactérie Clostridium botulinum. Sandy Rouchouse, cheffe de projet R&D, détaille : « La fabrication des lots sera maîtrisée de sorte à obtenir des aliments homogènes avec une concentration cible de bactéries lactiques à températures de granulation contrôlée. La température moyenne appliquée sur les sites industriels sera l’une des modalités testées dans notre étude. »

Enfin le troisième volet de l’étude sera mené par l’équipe du ZOOPOLE développement, en testant les différentes solutions préventives retenues dans les animaleries de l’ANSES. « Il existe aujourd’hui une demande forte de la part de la profession pour tester des solutions probiotiques, prébiotiques ou à base d’extraits végétaux », explique Anne Le Roux, responsable du pôle expertise.

Une fois ces deux modèles expérimentaux développés et validés, les professionnels de la filière disposeront de deux outils pour tester des solutions alternatives aux antibiotiques utilisés pour contrôler ces deux maladies et améliorer leur maîtrise en élevage.

Répondre aux besoins

Si les marchés concernés par CLOSTRICOX semblent évidemment être ceux de la prévention et de la lutte contre l’entérite nécrotique et le botulisme aviaire, l’intérêt d’un tel projet est aussi plus large, puisque l’aspect économique se double d’un volet environnemental et sociétal.

Ainsi, en amont de la filière, ce projet s’intègre dans la démarche de réduction de l’utilisation des antibiotiques, par la recherche de solutions alternatives efficaces. Il permettra de cribler facilement et efficacement des candidats qui se présenteront, et constitue donc un outil important pour l’identification des meilleures solutions telles que les flores, les produits à base de plante ou même d’autres. Ces solutions efficaces permettront alors de limiter les pertes économiques liées directement à l’impact de la maladie ou indirectement aux pénalités appliquées aux lots atteints.

De plus, en aval de la filière, ce projet intéressera aussi les transformateurs et les distributeurs en proposant des produits issus de filières impliquées dans des démarches de réduction d’utilisation de substances antibiotiques.

Cela va également dans le sens des préoccupations des consommateurs qui veulent savoir de plus en plus précisément ce que contiennent les aliments. Dans une étude Kantar TNS, réalisée au printemps 2018 dans 14 pays à l’occasion du Salon international de l’alimentation (Sial)*, les trois quarts des sondés plébiscitent les produits « sans » : sans OGM, sans sucre, sans sel, sans gras, mais également sans antibiotique. CLOSTRICOX est un projet qui pourra contribuer à répondre à ce besoin.

*https://www.tns-sofres.com/publications/food-360