Parmi les 15 unités qui font la richesse de l’offre du Tremplin Carnot AgriFood Transition se trouve le CEVA : seul centre technique en Europe dédié à l’étude et à la valorisation des végétaux marins. C’est ce savoir-faire spécifique que cherchait l’ONUDI1 en confiant au centre une mission d’audit et de conseil pour développer et structurer la filière algue en Indonésie.
C’est dans un petit bourg des Côtes d’Armor d’à peine 2000 habitants, à Pleubian, que se trouve le CEVA (Centre d’Étude et de Valorisation des Algues). Sur place, les techniciens et ingénieurs de cet établissement, à la fois organisme de recherche privé et centre technique, sont discrets. Leur réputation se constate d’avantage lorsqu’on pousse les portes de l’ONUDI, l’agence de l’ONU en charge de l’aide au développement industriel de ses pays membres.
“Le CEVA est identifié de longue date à l’international comme un spécialiste de la valorisation des algues, explique Ronan PIERRE, responsable Pôle Algues Produits au CEVA. Aussi, lorsque l’ONUDI cherchait à l’été 2016 un expert dans le cadre de leur programme SMART-Fish en Indonésie pour stimuler l’innovation et contribuer à la mise en place de la stratégie nationale relative aux algues, ils nous ont contactés.”
Pour l’ONUDI le programme SMART-Fish en Indonésie “vise à favoriser la croissance économique et l’augmentation de la création d’emplois dans le secteur de la pêche tout en veillant à la préservation de la biodiversité”. Et sur la filière plus spécifique des algues, l’Indonésie s’est positionnée depuis plusieurs années déjà. En 2011, dans The Jakarta Post, on pouvait déjà lire que le pays prévoyait de doubler ses exportations pour atteindre les 180 000 tonnes d’algues sèches et en tirer un revenu de 190 millions de dollars [139 millions d’euros]. On y apprenait également que la demande mondiale en algues était en croissance constante, si bien que de nombreux pêcheurs indonésiens se reconvertissaient dans la culture des algues avec l’espoir d’une nouvelle prospérité économique. 5 ans plus tard, cette orientation est toujours d’actualité et l’Indonésie est devenue le second producteur mondial d’algues derrière la Chine, et le premier producteur d’algues rouges, principalement à destination de l’industrie des texturants alimentaires (carraghénanes, agar). Néanmoins, afin de capter une plus grande part de la valeur ajoutée, le pays souhaite aujourd’hui stimuler l’innovation et la diversification des produits proposés.
Une mission sur place
Pour représenter l’expertise du CEVA, Ronan PIERRE s’est donc rendu en Indonésie du 20 au 31 mars 2017. L’objectif ? Auditer la filière des algues afin de stimuler l’innovation et les collaborations entre le monde de la recherche publique et le secteur industriel privé, dans le cadre d’une stratégie nationale. “Aujourd’hui, certaines unités de recherche indonésiennes travaillent de manière totalement cloisonnée avec le secteur industriel. Ce n’est pas nécessairement une volonté de leur part, mais des contraintes administratives orientent aussi vers une telle organisation.” Pour dresser ce constat, Ronan Pierre s’est déplacé pendant deux semaines à travers l’archipel pour visiter les centres de recherche locaux et des transformateurs (alimentaire, cosmétique…). Les entreprises de texturants alimentaires quant à elles, étaient visitées par son binôme, le docteur Kevin Philp de la société irlandaise Cybercolloids. Ces deux experts se sont également rejoints pour des rendez-vous et des visites en commun.
Quelles préconisations ?
A l’issue des ces deux semaines, une table ronde a été organisée au Ministère des Affaires Maritimes et de la Pêche. “Ce fut pour nous l’occasion d’émettre un premier ressenti sur la situation et l’organisation de la filière et du secteur de la recherche, précise Ronan Pierre. Nous avons jeté les premières bases de notre rapport que nous avons rédigé ensuite, à notre retour”. L’idée maîtresse à retenir : réduire le fossé entre le monde industriel et celui de la recherche pour dynamiser la filière algues et surtout créer un centre d’innovation national dédié aux algues, présentant une masse critique et les outils pour répondre aux besoins d’une industrie en quête d’innovation et de diversification. Ronan Pierre s’est d’ailleurs à nouveau rendu à Makassar, en Indonésie, au mois d’août dans le cadre des National Technology Awakening Day (HAKTEKNAS) pour travailler à la mise en place de ces recommandations. Cet événement, consacré cette année aux ressources marines, a suscité beaucoup d’intérêt comme en a témoigné la présence sur place du vice-président, Jusuf Kalla, et de plusieurs ministres.
1 : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
Plus d’infos sur : http://www.smart-fish-indonesia.org/

Le CEVA en Indonésie : expertise en terrain connu
Le CEVA n’en est pas à sa première collaboration en Indonésie, où il est présent au travers de projets privés comme collaboratifs et participe régulièrement à des conférences et ateliers. Il travaille notamment depuis plus d’une dizaine d’années avec la société APRO, une entreprise locale, pour le développement de nouveaux ingrédients cosmétiques valorisant la biodiversité locale tout en l’intégrant dans des pratiques durables de production et de préservation de l’environnement. Plus récemment, le CEVA s’est investi comme partenaire du programme INDESO, aux côtés de l’Agence de Recherche du Ministère des Affaires Maritimes et de la Pêche et du Directorat à l’Aquaculture. Objectifs : cartographier et modéliser de nouvelles zones potentielles de culture, mettre en place des systèmes d’alerte rapide, prédire les productivités et contribuer à la gestion des systèmes côtiers.